Webinaire organisé par la Société Française de Thérapie Familiale - 17 octobre 2024
Le professeur Michel Delage est psychiatre. Il est aussi ancien professeur du service de santé des Armées, ancien chef de service à l'Hôpital d'Instruction des Armées (H.I.A.) Sainte Anne, de Toulon (France). Il travaille actuellement à l'intégration de la théorie de l'attachement et du modèle systémique dans la thérapie familiale et exerce comme thérapeute familial au sein de l’association « Vivre en famille » à La Seyne-sur-Mer.
La séparation nécessite un travail psychique et intersubjectif difficile côté parents
Il s’agit à la fois de se détacher de quelqu’un qui :
est susceptible de compter pour quelqu’un d’autre (nouveau conjoint)
continue à être parent et avec qui il va falloir construire une coparentalité
Du côté des enfants, Michel Delage présente 3 cas de figures :
La blessure d’attachement, plutôt pour le jeune enfant qui consiste à vivre une séparation de sa figure d’attachement (au delà de 72h) comme une perte. Elle peut se traduire par des troubles au domicile de celle-ci souvent mal interprétés.
Le conflit d’attachement, plutôt chez les enfants d’âge scolaire, qui a développé plusieurs types d’attachement avec plusieurs figures juxtaposées et ne peut plus être attaché aux deux parents ensemble. Le sentiment d’appartenance est ébranlé. Ceci peut être aggravé si ses parents retrouvent chez lui des caractéristiques de l’autre parent avec la sensation d’incarner sa présence. Différent et plus fort, selon Michel Delage, que le conflit de loyauté.
Rupture d’attachement, plutôt pour les adolescents qui consiste à vouloir se dégager de ses parents et, comme eux, de se séparer d’un des deux. A ne pas confondre avec le syndrome d’aliénation parentale.
Rem : se pose la question avec la démarche judiciaire de la capacité de discernement des enfants et de l’évaluation de l’intérêt supérieur de l’enfant (niveau de souffrance – stade de développement – compétences des parents pour répondre aux besoins).
Interventions thérapeutiques :
2 cas de figures :
Parents séparés acceptant de travailler sur leurs désaccords : il est alors possible de recevoir chaque parent avec ses enfants, de recevoir les parents en évitant de reconstituer la famille. Objectifs en lien avec l’intérêt supérieur des enfants – établir une collaboration parentale.
Parents séparés refusant le travail thérapeutique : difficile de travailler / travail préliminaire individuel si possible. Au Canada, la justice prononce des mesures de « contrainte à la collaboration » dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Rem : La médiation n’est pas une intervention thérapeutique même si elle peut avoir des effets thérapeutiques. Son objectif est d’essayer de trouver un accord malgré les désaccords.
Exemples de compétences parentales travaillables dans l’espace thérapeutique :
accepter le rôle de parent de « l’ex » (droits responsabilité parentale – compétences éducatives)
chercher à valoriser le bien être des enfants et entendre leur souffrance, leurs ressentis
avoir le souci de constituer une base de sécurité pour l’enfant (disponibilité – sensibilité ou souci empathique – collaboration dans la résolution de problème – différencier comportement et personne – développer le sentiment d’appartenance aux 2 familles)
être en capacité de discuter, réfléchir, communiquer avec l’autre parent
tenir compte de ce que l’enfant exprime, sans faire de jugement sur l’autre parent
respecter les autres figures parentales
savoir négocier les désaccords, travailler la coparentalité avec une dimension temporelle
tenir compte des réalités économiques des 2 parents
Rem : Dans un second temps, la présence des beaux-parents peut parfois être envisagée pour favoriser le positionnement et le sentiment d’appartenance. Il existe aussi des groupes pour les beaux-parents Ex : le club des marâtres et dans les EPE (Ecoles des Parents et des Educateurs)
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