« La thérapie familiale à domicile n’est pas une pratique courante en France. Elle est cependant existante dans de nombreux pays »
- vlrserres
- 19 sept.
- 4 min de lecture

« Au Canada, il existe des thérapies familiales au domicile depuis plusieurs décennies, en particulier autour des problèmes liés aux comportements alimentaires pathologiques. Au japon, il est courant que les professionnels se rendre au domicile des familles dont l’un des membres pose un réel problème d’intégration sociale. Dans plusieurs pays d’Amérique latine il est de pratique courante de rencontrer les familles chez elles, de travailler à la maison. » - Dominic Anton, psychothérapeute et psychanalyste à Montrouge (92).
Comme le dirait Guy Ausloos, pédopsychiatre spécialisé en thérapie familiale, que nous soyons professionnel de l’institution ou du libéral offrant un espace intermédiaire nécessaire pour rompre avec les habitudes antérieures, provoquer le changement et redéfinir les possibles, ne perdons jamais de vue le « milieu naturel » ; il faut le transposer, avancer avec.
Ainsi se pose tout naturellement la question d’intervenir directement au domicile. En France, quelques équipes se sont lancées :
l’Equipe mobile de Soutien, de Proximité, de Prévention et d’Accompagnement Interprofessionnel vers le Rétablissement (ESPPAIR) - Centre Hospitalier Spécialisé de Jonzac - Cette équipe intervient dans un contexte de psychose débutante chez des jeunes adultes, en alternative à l’hospitalisation
le SAMAD (Service d’Accompagnement et de Maintien A Domicile) du Centre Benoît-Labre – Arras – développe une procédure d’intervention à domicile le « script thérapeutique improvisé » pour répondre à la précarité économique et l’éloignement géographique de certaines familles
A Bordeaux, des interventions familiales ont été mises en place dans le cadre d’un « centre ressource » d’un Ehpad - Un « baluchonnage » proposé aux couples de personnes âgées vivant à domicile et dont l’un des époux est atteint de la maladie d’Alzheimer afin d’éviter une contrainte supplémentaire (déplacement, gestion du comportement,…), de respecter les repères et les habitudes de ces personnes.
Ce qui distingue les interventions de ces équipes à domicile d’autres interventions (SAVS, SAMSAH, HAD, Equipes mobiles…), c’est la dimension systémique. Elles ne sont pas centrées sur la pathologie ni sur la personne qui porte le(s) symptôme(s) mais sur la dynamique interpersonnelle. Elle a pour objectif d’aider la famille à retrouver un équilibre satisfaisant suite à un changement de vie, la pathologie pouvant être un des facteurs.
En ce sens elle complète et s’articule avec les interventions ciblées sur la pathologie.
Avantages spécifiques du domicile
Relevés par ces équipes ainsi que d’autres thérapeutes familiaux libéraux intervenants à domicile
Confort et accessibilité : Les familles n’ont pas à se déplacer, ce qui lève de nombreux freins logistiques ou psychologiques à l’engagement dans la thérapie. Cela permet un accès plus facile aux familles fragilisées (ex : difficultés de mobilité) ou peu disposées à se rendre en cabinet (ex : phobie sociale, vécu institutionnel compliqué...).
Ecologie : Le domicile est un reflet vivant de l’histoire de la famille, de ses valeurs familiales/culturelles et de ses ressources. Présentes dans l’environnement immédiat, elles peuvent être réactivées par les thérapeutes en séances pour créer le changement. La transposition est immédiate, comme imprégnée dans les murs.
Renforcement des liens familiaux : Cette méthode vise à ouvrir l’expression des besoins et des ressentis de chacun parfois facilités « chez soi », à réajuster les rôles et à renforcer le sentiment de compétence et de confiance au sein du système familial.
Flexibilité des modalités : Certaines interventions peuvent aussi se faire en ligne, grâce aux outils numériques, ce qui permet une adaptation aux contraintes de chaque famille.
Sécurité et authenticité : les enfants se sentent davantage à leur aise, les adolescents opposent moins de résistance et les parents ont moins l’impression d’être jugés. Ainsi la parole se libère plus facilement, la présentation plus naturelle. L’affiliation est facilitée
Totalité : Lorsque la maladie, le handicap ou l’avancée en âge a nécessité la mise en place d’intervenants extérieurs (ex : voisins, amis, auxiliaires de vie...), l’intervention à domicile permet de les inclure aux séances si nécessaire. Meilleur prise en compte de la réalité du quotidien notamment dans les situations d’aidance.
Ceci sans oublier de considérer que les thérapeutes familiaux font face à des différences notables en intervenant à domicile. Il s’agit de réussir à définir un cadre thérapeutique dans l’intimité d’un domicile complexe de part la quantité d’informations. Cadre qui doit être suffisamment malléable pour absorber les imprévus, sans tomber dans une simple discussion amicale.
L’équipe d’Arras s’est également penchée sur d’éventuelles limitations en lien avec l’intimité (intrusion pour la famille avec un risque de résistance aux changements – sécurité du thérapeute) et le cadre thérapeutique (trop d’affiliation, difficulté à recadrer).
Réévaluer régulièrement l’intérêt thérapeutique de ce cadre et garder l’alternative de rendez-vous « hors domicile » semble être une nécessité.
Alors… Nous voici prêtes à démarrer l’expérience !!!
Ergothérapeute de formation initiale, je vous avoue que cela fait longtemps que ça me titillait !
Et l’Approche Orientée Solution qui guide mes interventions me semble tout à fait adaptée à ce contexte.
Approche orientée solutions en thérapie systémique
L'approche orientée solutions s'inspire des travaux de Steve de Shazer et Insoo Kim Berg. Elle vise à mobiliser les ressources existantes de la famille, à explorer ce qui fonctionne déjà ou a fonctionné par le passé, et à co-construire des solutions concrètes à partir des compétences de chacun. L’accent n’est donc pas mis sur l’analyse exhaustive du problème, mais sur la construction de réponses adaptées et réalistes pour l’avenir.
Objectif : valoriser les forces et compétences des membres, poser un regard différent sur les situations problématiques, et expérimenter au quotidien, dans le contexte familial, de nouvelles façons d’interagir et de s’organiser.
Intervention : Les séances durent une heure et conduites par un binôme de thérapeutes. Le déroulement dépendra de l’objectif exprimé par la famille. Des allers/retours au cabinet peuvent être envisagés si nécessaire
Et j’ai la chance de travailler avec une co-thérapeute, Claire Bellot, qui est motivée pour démarrer l’aventure avec moi. C’est précieux pour conduire le processus en toute sécurité auprès des familles.
Personnes concernées : tout couple ou famille pour qui l'intervention à domicile permettrait ou faciliterait le travail thérapeutique
Périmètre d’intervention : de Quimperlé à Lanester – de Pont Scorff à Lorient
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